La vertu ? Très peu pour moi

De nos jours, vertu ou excellence ne sont pas des notions très “sexys”. Elles font penser à de vieux moralisateurs, ou à des moines ayant des modes de vie aux antipodes des nôtres. Et pourtant, comme le préconisaient leurs principes de sagesse, injecter des pincées d’excellence dans nos vie quotidienne, et tendre vers la vertu pourraient nous aider à nous sentir mieux dans nos baskets ;) Mais qu’est-ce qu’elle nous veut aujourd’hui celle-là ?

Ne vous arrive-t-il jamais de vous coucher le soir en vous disant “Demain, je ferai mieux” ?

Demain, je ne mangerai plus junk, je serai plus concentré-e, je regarderai un reportage intéressant, je serai plus à l’écoute de mes proches, je plancherai sur mon projet…”   En somme, nous espérons que nos lendemains seront meilleurs, que nous serons plus épanoui(e)s parce que nous aurons accompli ce qui nous tient à coeur. Hélas, dès le réveil, nos vieux travers nous rattrapent, nos journées se ressemblent, et on se recouche en se répétant à nouveau : Oui, mais demain… Mis à part l’univers du management, le concept d’excellence semble obsolète. Évoquant les souvenirs douloureux des bancs d’école, il nous met d’emblée sous pression. Amélioration, performance, excellence résonnent lourdement dans nos oreilles. Pourtant excellence et vertu prennent leur ancrage dans la philosophie grecque et, comme le montrent certaines recherches, elles ont sans plus à nous apporter que ce que nous en préjugeons.  

En grec ancien arété - ἀρετή ou vertu est le point essentiel de la morale antique.

En philosophie, certaines notions n’ont cessé d’échauffer les esprits, ce qui les rend incontournables. C’est le cas de la vertu, arété en grec ancien. Depuis l’antiquité, elle pose questions sur sa définition et sa mise en pratique.   Platon consacre plusieurs “dialogues” à tenter de définir ce qu’est la vertu pour l’homme. Il la définit comme le point cardinal entre trois vertus fondatrices : courage, justice et tempérance. Il l’identifie par ailleurs à la sagesse ou à la connaissance. Il considère l’arété comme un idéal tant individuel que collectif. L’homme vertueux se distingue par son action juste dans la cité. Aristote s’empare de cette notion pour la faire fluctuer. La vertu serait une disposition de l’esprit qui fonctionne comme modératrice. Celui qui est vertueux a trouvé un équilibre dans ses actions. La vertu est pour lui une disposition de l’esprit qui s’exerce au quotidien et fonctionne comme juste milieu.  

La vertu : une manière d’ “être”

Préconisée par les grecs mais aussi les bouddhistes, la vertu ne se pratique pas à moitié.  Souvent associée à une démarche religieuse, elle ne se limite pas à des réflexions théoriques ; il s’agit de la faire vivre en soi, de chercher à l’incarner pleinement. Pour en tenter une définition fixe, transposable dans notre mode de vie actuel (c’est à dire sans que cela nous impose une vie monastique ou d’ascèse ;-) j’ai envie de dire que vivre “selon la vertu”, c’est vivre selon son plein potentiel. Dès lors, l’arété ne s’acquiert pas du jour au lendemain ou par hasard. On ne l’atteint de fait jamais ; on ne peut que tendre vers elle. Cela requiert de la part de ceux qui y aspirent, de s’y mettre dès aujourd’hui et même dès maintenant. La vertu est une réalisation de soi. C’est en ça qu’elle nous est bénéfique.  

Quand les vertus de la vertu sont confirmées par la psychologie contemporaine…

Des recherches récentes en psychologie confirment le bien-fondé des sages grecs. Par exemple, pour faciliter notre persévérance et notre motivation, la théorie de l’auto-détermination (SDT) nous invite à privilégier des objectifs de type “intrinsèques” (notre satisfaction provient du plaisir de notre action et pas du résultat escompté). Parmi les trois grands domaines de motivation que la SDT nous recommande de privilégier, les chercheurs citent l’amélioration de nos compétences. En tant qu’humains, nous avons en effet une tendance naturelle à nous améliorer, à nous développer. De là à affirmer que nous aurions un élan naturel vers la vertu... ?  

La vertu une pratique quotidienne

Comme nous l’avons vu, le véritable enjeu de l’arété, c’est de la pratiquer chaque jour. C’est de consacrer notre temps à ce qui est important : nos aspirations, nos valeurs, nos passions. Pas facile, me direz-vous… Je sais. Peut-être même que je vous ennuie. Mais c’est parce que ça vaut le coup. Vous doutez encore ? Alors lisez “Osez… Ca change tout ! - Ce que la science nous apprend pour une vie pleine de sens”. Vous trouverez de multiples bonnes raisons de remettre l’arété au goût du jour. Imaginez un monde où chacun cultiverait davantage la vertu, s’en trouverait épanoui, tout en contribuant davantage à la qualité de la vie sur terre… Utopie ? Moi, c’est décidé, je mise sur la vertu !

Dites-moi ce que vous en pensez et, surtout, ce que vous allez en faire...

A bientôt !  

Victoria

Crédit photo: Unplash/ Ivan Tejero