Bienveillance, bienveillance… est-ce que j’ai une gueule de bienveillance

À force d’en entendre parler, j’ai l’impression de ne plus supporter le mot “bienveillance”. Trituré dans tous les sens, sorti comme une arme par une horde de conseillers en tous genres, il s’est quelque part évidé de son sens.

Un besoin nécessaire ?

Pourtant, je sens aussi à quel point nous en avons tous besoin, et un besoin urgent, vital, presque viscéral. Et c’est vrai que la bienveillance attire et fédère. Parce qu’à l’heure des chaos climatiques et économiques, du mal-être dans les entreprises et en politique, des reculs de nos libertés, du chômage, de l’exclusion et de l’isolement, nous avons - en tout cas, j’ai - besoin de sentir qu’il reste de la bienveillance dans le monde. Cela peut paraître dogmatique, comme si “une sorte de bienveillance” divinatoire planait au-dessus de nos têtes. Et pourtant, pour moi, c’est bien quelque chose dans ce goût-là. Quand j’essaie de penser (et oui ça m’arrive), quand j’essaie de me vider la tête des idées toutes formatées qu’on m’impose sur la bienveillance, pour tenter d’en sortir un semblant de définition, il me vient un sentiment de chaleur, et de réconfort.

La bienveillance ce sont aussi des gens

La bienveillance, ce sont les personnes qui, au cours de mon existence, ont veillé à ce que j’aille bien. Celles que j’ai croisées, connues et qui ont partagé (souvent spontanément) une pensée, un regard, une action, un conseil positif et chaleureux à mon égard - sans imposition, sans inquisition. C’est une cousine, un professeur, une psy, une ambiance lors d’un dîner, une collègue qui, dans des situations de désarroi, m’ont aidé, soutenu. Ils m’ont encouragé quand je pensais n’avoir plus de force. Ils m’ont accueilli et apprécié comme j’étais, sans me juger, avec une forme de tendresse, de compréhension infinie. Avec discrétion aussi. Parfois, il m’a fallu du recul pour être capable d’apprécier la valeur de ce qu’ils m’avaient apporté.

Guimauve ?

C’est peut-être un peu guimauve, “bisounours” comme disait l’autre ;) mais la bienveillance devient une attitude indispensable comme rempart contre les négativités ambiantes du monde. Contagieuse, elle a aussi un côté paradoxal. Car, pour pouvoir veiller durablement au bien-être des autres ou de notre environnement, nous avons besoin d’être bienveillants envers nous-mêmes. J’ai mis du temps avant de le comprendre. Je ne peux me sentir bien, et accueillir pleinement le regard des gens bienveillants, que si j’apprends à poser sur moi-même ce type de regard. Sans bienveillance envers moi, je retomberai inlassablement dans les mêmes schémas nocifs, dans les mêmes pièges, qui m’ont empêché d’accepter pleinement ce qu’on me donnait et ont entraîné mes très efficaces auto-sabotages.

Un travail de tous les jours

Le comprendre ne m’a pas suffi, et j’ai bien dû admettre que “ce n’est jamais fini”. (Ce serait trop facile !). S’occuper de soi, se percevoir et entretenir avec soi-même une véritable relation bienveillante est un travail constant. Je dois souvent lutter pour ne pas me laisser embarquer par mes auto-critiques, mes auto-dénigrements. Mais je suis persuadé - et je ne suis pas le seul - que si nous voulons contribuer à un monde meilleur (c’est mon côté “Colibri”), il nous faut nous occuper d’abord de ce qui se passe en nous. Cela nous permet de créer en nous une sécurité, une confiance, une générosité authentique, désintéressée qui nous permet alors de regarder le monde avec un regain de bienveillance, d’empathie et d’engagement, et d’agir pour que ça aille mieux autour de nous et sur la planète. Une sécurité qui contribue à la qualité de nos relations et de nos collaborations. J'en parle régulièrement lors de conférence “Bienveillance authentique : un levier de performance déterminant”. Le sujet est passionnant.

Bon, tout ce que je viens de vous dire n’est que mon avis, mais je suis assez d’accord avec moi ;-)

Et vous, qu’en pensez-vous ?